Sais-tu ce qu’il te dit mon ami le « fucking kitchenhand »?

VA TE FAIRE FOUTRE.

Et oui, parfois (souvent), on ne peut s’en empêcher, on jure, on râle. C’est sans doute la raison pour laquelle les anglophones disent « Excuse my French ».

Ceci dit, il en faut beaucoup pour m’énerver et je suis plutôt du genre persistante, surtout face aux tâches ingrates. Bien trop fière la Marloon pour se dégonfler face à quelques heures de vaisselles et de nettoyage merdiques. Mais cette fois c’est allé trop loin. Pas en termes de charge de travail, mais en termes de respect d’autrui.

Dans ce resto où je bosse, la plupart des chefs ont une tendance à l’indifférence. Soit. Dans ces cas là, peu importe, de toutes façons dans quelques jours je leur dirai adieu. Mais il y en a un dont l’aigreur et l’arrogance dépassent tout ce que je pouvais imaginer. Si toute cette haine restait en lui, cela me serait bien égal. Malheureusement, elle est plutôt du genre à se répandre sur les petits backpackers kitchenhands que nous sommes.

Alors en bonne française avec du sang révolutionnaire coulant dans les veines, j’ai sorti ma cape de sauveuse de l’humanité (je sais j’me la pète un peu) et lui ai demandé d’arrêter net cette facheuse habitude qu’il a de nous traiter comme des moins que rien et de nous donner ces petits noms comme « fucking kitchenhands ». Le môsieur n’a pas apprécié. Aïe. Pour éviter de frapper sur quelquechose (ou quelqu’un), je sens les larmes qui me montent aux yeux. Ceux qui me connaissent savent que c’est mon moyen calme d’évacuer. J’ai beau me répéter intérieurement qu’il n’en vaut pas la peine… Bref, je me suis donc dit que quitte à se faire insulter, autant se lâcher. Ce mec, qui ne nous connaît même pas a le culot de me hurler dessus en disant « Shut up shut uuuuuuup!!! ».

C’est simple. Plus on me demande de la fermer, surtout aussi gentiment, plus je l’ouvre. Encore un de mes nombreux paradoxes.
Je me suis donc mise à lui répondre qu’il pouvait être chef, master chef ou même la Reine d’Angleterre, je m’en contrefichais. Qui plus est, le boulot qu’on fait est peut-être un boulot de merde mais au cas où il ne l’aurait pas remarqué, sans nous, ses casseroles, il peut se les laver lui-même. Enfin, il n’y a aucune excuse à traiter les gens de cette manière. Le respect, quoiqu’ils en pensent ou disent, doit être mutuel et universel (pensée du jour, je sais je sais). Blablabla. Tout ça en anglais. Putain. Je peux jurer et m’engueuler avec quelqu’un dans une autre langue, la classe. Je n’ai maintenant plus qu’à cerner toutes les blagues et je serai totalement bilingue.

Deux jours se sont passés et je ne sais pas si mon intervention bruyante sous les yeux ahuris des autres est à l’origine de ça mais le traitement est passé de merdique à potable. Pas mal. On a même eu droit à du pain avec la bouffe. Coool. Presque du vrai pain. Les casseroles sont même posées avec une délicatesse insoupconnable auparavant. Pourvu que ça dure. Au moins une semaine car ça y est vendredi je m’envole pour Darwin.

Une chose est sûre, hors de question de refaire ce genre de boulot, j’aurai eu ma dose.

Cheers.